Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
UN VIEUX BOUGRE

Mlle  Youyou, remarquant la chevelure défaite de sa sœur et ses lèvres mordues, sentait le soupçon grandir en elle.

Cependant, l’arrivée de Michel les rassura. Il brandissait un litre, annonçant :

— C’est pas sans peine, vrai !… Menu voulait rien savoir pour se l’ver et servir un lit’… Le v’là quand même… débouché d’avance !…

— Donne donc ! ordonna Gaspard.

Les mots comptaient peu pour lui. Il s’arrêta de boire quand, le gosier brûlé d’alcool, son plaisir devint une douleur. Et il rendit grâce à Dieu avec l’énergie dont il était dépositaire :

— Nom de Dieu ! c’est du bon, Michel !…

Il appuya ses mains au creux de son estomac noyé de rhum ; puis, se baissant, il déposa la bouteille par terre, comme une chose très précieuse. En une seconde, dans sa figure empourprée, ses yeux se brouillèrent. Mlle  Rubis lui dépêcha Michel ; mais il en repoussa l’aide et il s’allongea sur le dos, assommé d’une subite ivresse.

— On n’aurait pas dû le laisser boire ! regretta Mlle  Youyou.