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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/23

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UN VIEUX BOUGRE

foule de tares qui ne leur sont point exclusives. Elle tendit l’oreille, pour reconnaître, à travers la cloison, si Mlle Youyou était rentrée. Le silence l’exaspéra.

— Ma sœur qu’est encore dehors ! soupira-t-elle.

Le militaire n’y prit pas garde, tout à ses calculs difficiles. Elle le secoua par un bras :

— Voyons… à quoi qu’tu penses toujours ? T’es pas rigolo, tu sais… Quand on est avec une femme… on peut bien causer…

— Ah, ma Marie !

— « Mâ Mârie ! » t’en as plein la bouche, et c’est tout c’que tu sais m’dire !

Il se recueillit, souriant et niais, puis, ses bras forts l’attirant à soi :

— T’es bien plaisante ! déclara-t-il.

Alors, ils parlèrent en bons camarades et, quelquefois, ils eurent des mots d’amants qui les rendaient graves, une minute. Elle conta son enfance déplorable, sa jeunesse épouvantée par les disputes de ses parents, la fin de son père, après des crises tragiques d’épilepsie :

— Il est mort de trop boire… Autrement, on