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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/30

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UN VIEUX BOUGRE

— Ma p’tite Marie… j’me sens plus… où qu’alle est ?… Dis-le-moi…j’f’rais un malheur…

Ils se voyaient à peine. Elle se taisait. La lumière en agonie jeta une suprême clarté où ils s’aperçurent : lui, effrayant de rage ; elle, qui le bravait, d’un sourire forcé.

— Ah ! garce ! cria-t-il.

De ses dix gros doigts, il saisit le cou frêle ; et son front versait la sueur, à gouttes rapides. Mlle Rubis aperçut le point rouge de la mèche consumée et, comme il s’évanouissait dans le noir, elle ignora si les ténèbres étaient autour d’elle ou si elles la remplissaient. Elle eut un sursaut contre la douleur, elle éleva ses mains et elles retombèrent. De les avoir senties, tremblantes, effleurer ses poignets, Michel lâcha prise, brusquement, et il murmura, atterré :

— Qu’est-ce que j’faisais, bon sang !…

Il eut peur de l’obscurité et du silence. Il n’osait bouger, retenant même son souffle. À la fin, il appela, tout bas :

— Marie, ma Marie…

Il attendit, dans un abîme d’angoisse. Ces mots puérils lui vinrent aux lèvres :