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UN VIEUX BOUGRE

elle éprouva qu’en elle c’était un autre cœur, battant la joie et gros d’amour. Elle se prit à pleurer et à rire tout ensemble, et Michel aussi riait et pleurait. Cette étreinte les donnait l’un à l’autre comme ils ne s’étaient jamais donnés à quiconque.

— Ah ! vrai ! J’suis-t’y content !… Ma Marie…

— Michel… mon p’tit… mon amour… ma vie !…

Il se perdait dans des phrases sans fin, puéril. Avec un égoïsme candide, il se plaignait surtout :

— Pense donc !… Si j’t’aurais tuée… j’passais au conseil… et mes vieux, quoi qu’ils auraient dit… et moi !… Pour un coup te v’là… et point morte… et j’suis point mauvais… Tiens, toute mon argent, elle est à toi !… Ma Marie !… Ah ! vrai Dieu ! on en a passé une nuit, à nous deux, que j’l’aurai toujours dans l’ciboulot…

D’avoir joué un tel rôle dans la vie de Michel, elle ressentait une fierté qui exaltait sa passion. Elle ne pensait pas à l’absoudre, car tout était adorable, venant de lui. Il retira de son mou-