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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/89

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UN VIEUX BOUGRE

visage prenait une expression hostile et désespérée.

— T’en fais un’tête ! s’écria M. Gotte.

Au lieu des injures qui lui venaient à la bouche, elle répondit nonchalamment :

— Ma vie n’est pas gaie, voilà tout !

— Et la mienne, donc ! Ça n’empêche pas d’rigoler, va…

Elle hochait la tête en signe de doute. Il insista :

— Y a des jours, à copier la musique des autres, je m’dis que j’aurais pu en faire aussi, moi, et d’la meilleure !… Pour me guérir, j’pense à des tas de types que j’vois pour mon travail… Les plus riches, les plus connus, ils ont des embêt’ments… qu’j’aime mieux êt’ dans ma peau d’purotin !…

Il caressait ses boucles blondes en parlant, et sa voix avait des inflexions charmantes :

— Youyou, vois-tu, faut êt’philosophe dans la vie !… La moitié du bonheur, c’est de croire qu’on possède l’autre… et de laisser faire… On a la déveine… un peu plus, un peu moins, ça n’y change guère… Tiens, j’bafouille… Viens,