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LES HOMOSEXUELS

pas sa beauté, son cachet artistique, la vie, l’amour et la souffrance des hommes qui lui donnent son importance. Depuis le matin où les riches font leur promenade à cheval pour faire fondre la graisse de leur cœur trop gras, jusqu’à midi, l’heure de la promenade de l’empereur, depuis l’après-midi où un essaim d’enfants joue sur ses pelouses, jusqu’au soir où les bourgeois tranquilles rentrent chez eux, — chaque chemin, en toute saison et à toute heure a son contact spécial. Si Émile Zola avait vécu à Berlin, je ne doute pas, qu’il ne nous eût laissé là-dessus un ouvrage de l’envergure de Germinal.

Mais, quand le soir arrive, quand le soleil disparaît pour éclairer d’autres mondes, alors au souffle du crépuscule se mêle un autre souffle qui monte languissant des millions de poitrines ; — c’est cette partie de l’âme universelle que quelques-uns appellent l’immoralité et qui, en réalité, n’est qu’une parcelle de cette puissante force motrice qui, sans relâche, transforme, gouverne, crée et forme tout ici-bas.

Partout, aux carrefours, vous rencontrez des couples d’amants ; on les voit se communiquer leurs joies et leurs tristesses ; ils se saluent avec amitié