Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/109

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des coussins ordinaires, des espèces d’outres souillées, et, pendant qu’ils mangeaient, il en faisait échapper l’air, de sorte que tout à coup ils se trouvaient sous la table. Le premier il imagina d’étendre les coussins à manger, non plus sur des lits, mais parterre, en demi-cercle, afin que les serviteurs pussent retirer l’air des outres par les pieds. Il fit infliger en réalité aux comédiens qui jouaient des rôles d’adultères, un supplice qui n’était ordinairement que simulé. Il racheta souvent à tous les maîtres de lupanars les femmes publiques qu’ils possédaient, et leur rendit la liberté. Parmi les futilités qui frisaient l’objet des conversations, on vint un jour à parler de ce qu’il y avait à Rome de gens affectés de hernies ; il en fit dresser la liste générale, et les fit venir au bain, où il se lava avec eux : dans le nombre il y avait des personnages honorables. Souvent, avant son repas, il se fit donner des spectacles de gladiateurs et d’athlètes. Dans le lieu le plus élevé de L’amphithéâtre, il se fit placer un lit de table, et pendant qu’il mangeait, il contemplait les chasses du Cirque ou le supplice des condamnés. Il fit quelquefois servir à ses parasites, au second service, des objets représentés en cire, d’autres fois en bois, souvent en ivoire, ou en terre cuite, ou même en marbre ou en pierre, en sorte que sous ces matières différentes on eût cru voir les mêmes mets qu’à lui : mais lui seul mangeait ; les autres se contentaient de boire à chaque plat, et se lavaient les mains comme s’ils eussent mangé.

XXVI. Le premier des Romains, il se servit de vêtements tout de soie : auparavant on n’employait que des étoffes mi-soie. Jamais il ne toucha de linge lavé, disant que c’était bon pour les mendiants. Il parut souvent en public, vêtu de la dalmatique, et se donnant les noms de Scipion et de Fabius Gurgès, parce qu’il portait le même vêtement sous lequel, pour la répression de leur