Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/111

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luxe, Fabius et Cornelius furent, étant jeunes, montrés par leurs pères aux yeux du peuple. Il ramassa au Cirque, au théâtre, au stade, dans les bains et partout, toutes les courtisanes, qu’il réunit dans un édifice public, et qu’il harangua comme s’il eût parlé à des soldats, les appelant braves camarades ; son discours roulait sur la diversité des postures et des plaisirs. Ensuite il fit entrer dans cette assemblée de vieux entremetteurs recueillis de toutes parts, ainsi que les jeunes garçons et les jeunes hommes les plus voués à la débauche, et, s’étant avancé vers les courtisanes en habit de femme, le téton découvert, puis vers les hommes en posture de jeune garçon qui se prostitue, il leur annonça, comme à des soldats, qu’après l’assemblée il leur ferait une largesse de trois auréus, et les engagea à demander pour lui aux dieux des sujets dignes de leur être recommandés. Il plaisantait aussi avec ses serviteurs, au point de leur ordonner, moyennant récompense, de lui apporter mille livres de toiles d’araignées ; et l’on raconte qu’il en recueillit ainsi dix mille livres, et qu’il disait que par là on pouvait juger de la grandeur de Rome. Il envoyait aux parasites, par ses officiers de bouche, et comme provision pour l’année, des vases remplis de grenouilles, de scorpions, de serpents et autres animaux hideux. Il enfermait aussi dans de pareils vases, des quantités infinies de mouches, qu’il appelait des abeilles privées.

XXVII. Il fit souvent circuler des quadriges du Cirque dans ses salles et ses galeries pendant qu’il dînait ou qu’il soupait, forçant à conduire les plus vieux des convives, quelquefois honorés déjà des faveurs impériales. Il se faisait apporter dix mille rats, mille belettes, mille souris. Il avait à sa disposition des pâtissiers et des crémiers tels, que tout ce que les cuisiniers, les ordonnateurs ou les fruitiers pouvaient fournir, ils le faisaient