Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/115

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jour la nuit : c’était, à son avis, une des conditions de la magnificence. De sorte que le soir il se levait, et recevait les salutations, et que le matin il pensait à se coucher. Il donnait tous les jours quelque chose à ses amis, et il lui était difficile de laisser aller qui que ce fût sans lui avoir fait quelque présent, si l’on en excepte les hommes de mœurs frugales, qui à ses yeux ne méritaient aucune considération.

XXIX. Ses voitures étaient enrichies d’or et de pierreries : il méprisait celles qui n’avaient que de l’argent, de l’ivoire ou du cuivre. Il attelait ensemble deux femmes des plus belles, quelquefois trois, d’autres fois quatre, ou même plus, le sein découvert, et se faisait voiturer ainsi mais le plus souvent il était nu, lorsque des femmes nues le traînaient. Il avait encore pour habitude d’inviter à ses repas huit hommes chauves, huit louches, huit goutteux, huit sourds, huit noirs, huit au corps fluet et huit chargés d’embonpoint, et comme le demi-cercle ne pouvait pas les contenir, il excitait à rire aux dépens de tous. Il donna à ses convives toute l’argenterie qui avait servi à un repas, ainsi que toutes les coupes ; et cela assez souvent. Le premier des empereurs romains il donna au peuple l’hydrogarum, qui jusque-1à était réservé pour les soldats, et qu’Alexandre Sévère leur rendit aussitôt qu’il fût empereur. Il donnait comme problèmes à ses convives de nouvelles sauces à inventer, et celui dont l’idée lui convenait, recevait de lui un magnifique présent, par exemple, un habit de soie, ce qui alors était extrêmement rare et fort recherché. Il condamnait, au contraire, celui dont l’avis lui avait déplu, à manger toujours la préparation culinaire qu’il avait conseillée jusqu’à ce qu’il trouvât mieux. Jamais il ne s’assit que parmi les fleurs et les parfums. Il aimait qu’on élevât au-dessus de leur valeur le prix des choses qu’on préparait pour sa table, assurant que c’était un aiguillon pour l’appétit.