Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/117

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XXX. Il se déguisa en pâtissier, en parfumeur, en traiteur, en marchand de vin, en entremetteur, et en fit les fonctions dans son palais. Il fit offrir aux divers services d’un seul repas, six cents têtes d’autruche pour en faire manger les cervelles. Il donna un jour un repas composé de vingt-deux services très bien fournis, et entre chaque service on se lavait les mains, puis lui et ses amis prenaient des femmes et juraient d’arriver au plaisir. Une autre fois, chaque service ayant été porté dans les maisons d’autant d’amis, l’un au Capitole, l’autre au mont Palatin, un autre à la porte Viminale, un autre sur le mont Célius, un autre au-delà du Tibre, on alla par ordre manger chaque service à la maison de chacun, de sorte que le jour entier suffit à peine à ce repas ; car après chaque service on se lavait les mains, puis on passait aux femmes. Il eut toujours sur sa table le mets sybaritique, composé d’huile et de garum. L’année même que les Sybarites l’inventèrent, ils périrent. On raconte qu’il établit des bains en plusieurs endroits, s’en servit une fois, et les fit démolir aussitôt, pour n’avoir pas de bains attitrés. Il en fit autant, à ce qu’on dit, pour des maisons, des villas, des chambres à coucher. Mais beaucoup de tous ces récits, qui passent l’imagination, ont été, suivant moi, inventés par des gens qui, pour flatter Alexandre, cherchaient à abaisser Héliogabale.

XXXI. On rapporte qu’il racheta cent mille sesterces une courtisane très connue et très belle, qu’il la respecta comme une vierge et la laissa intacte. Dans le temps qu’il n’était que simple particulier, comme on lui disait : « Ne craignez-vous pas de devenir pauvre ?  » il répon-