Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/121

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rapporte de lui le mot suivant : « Si jamais j’ai un héritier, je lui donnerai un tuteur qui le contraigne à faire ce que j’ai fait moi-même, et ce que je ferai. » Il eut aussi pour habitude de distribuer ainsi ses repas : un jour il ne mangeait que des faisans, et tout le service se composait de chair de faisan ; un autre jour, que des poulets ; un autre, que de tel poisson ; le lendemain, que de tel autre ; aujourd’hui, que du porc ; demain, que des autruches ; le jour d’après, que des légumes ; ensuite, que des fruits ; ensuite, que des pâtisseries ; ensuite, que du laitage. Souvent il enferma des nuits entières jusqu’au jour, ses amis avec de vieilles éthiopiennes, leur disant que c’étaient les femmes les plus belles. Il en fit autant pour les hommes, licence qui dura jusqu’au temps de Philippe l’Arabe. Il riait quelquefois si fort au théâtre, que l’on n’entendait plus que lui ; lui-même il chanta, il dansa, il joua de la flûte, il emboucha la trompette, il joua de la pandore, toucha de l’orgue. On dit qu’enveloppé d’une cape de muletier pour n’être pas reconnu, il visita en un même jour toutes les courtisanes du Cirque, du théâtre, de l’amphithéâtre, et de tous les autres lieux de la ville, et que, sans se livrer avec toutes à la débauche, il leur distribua des pièces d’or en leur disant : «  C’est Antonin lui vous donne cela ; mais que personne ne le sache.  »

XXXIII. Il inventa plusieurs genres de débauches, et surpassa de beaucoup la monstrueuse lubricité des anciens fléaux de la république : car les raffineries de Tibère, de Caligula, de Néron lui étaient parfaitement connues. Comme des prêtres syriens lui avaient prédit qu’il périrait de mort violente, il avait préparé en conséquence des lacets tissus de soie pourpre et écarlate pour s’en servir à s’étrangler, si la nécessité l’y contraignait. Il avait aussi disposé des glaives d’or pour se tuer en cas d’urgence. Il avait enfermé des poisons sous des pierres de foudre, des hyacinthes et des émeraudes, pour se