Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/123

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donner la mort s’il avait quelque malheur plus grand à redouter. Il avait fait construire aussi, pour se précipiter, une tour très haute, au bas de laquelle le sol était couvert de plaques d’or et de pierreries, disant que sa fin même devait être magnifique, et mettant un certain luxe à ce qu’on dit de lui qu’il était le seul qui fût mort ainsi. Mais tout cela fut inutile : car, comme nous l’avons dit, il fut tué par ses gardes du corps, honteusement traîné par les places publiques, descendu dans les égouts, puis jeté dans le Tibre. Avec lui finit dans la république le nom des Antonins, quoique personne n’ignorât que, tant pour le nom que pour la conduite, ce n’était qu’un faux Antonin.

XXXIV. On s’étonnera peut-être, vénérable Constantin, que ce monstre, dont j’ai rapporté la vie, ait tenu rang parmi les empereurs, et que, pendant près de trois ans qu’il occupa le trône, il ne se soit trouvé personne qui lui arrachât les rênes de l’empire romain, tandis que Néron, Vitellius, Caligula et autres tyrans de cette espèce ont toujours fini par trouver des vengeurs de la liberté. Mais moi, le premier, j’ai à m’excuser d’avoir livré à la publicité des détails recueillis de côté et d’autre. J’ai omis bien des faits ; mais ce sont de hideuses actions, des choses qu’on ne peut répéter sans rougir ; ceux que j’ai relatés, je les ai palliés, autant que j’ai pu, sous le voile d’expressions adoucies. Ensuite j’ai pensé que ce mot que Votre Bonté se plaît tant à redire, que « c’est le hasard qui fait les empereurs,  » devait être rappelé ici : car il y a eu des princes médiocres, et d’autres très mauvais. Mais il faut, comme le dit aussi ordinairement Votre Piété, « que ceux que la force du destin amène à la nécessité de conduire les autres, soient dignes du commandement. » Et puisque c’est ici le dernier des Antonins, et que ce nom a cessé dès lors d’être regardé comme l’apanage des empereurs, je dois ajouter, pour prévenir toute erreur, quand je raconterai la vie des deux Gordien,