Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/133

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ducteurs, seulement quelques serviteurs à la porte : tandis qu’auparavant il n’était pas permis de saluer le prince, pas même de le voir. Il était d’une beauté remarquable, comme on en peut juger encore aujourd’hui par ses portraits et ses statues. Il avait la taille militaire, la vigueur d’un soldat, et la santé d’un homme qui connaît sa force et qui sait l’entretenir. Il était affable envers tout le monde : quelques-uns l’appelaient le pieux Alexandre ; mais tous reconnaissaient en lui un homme divin, le sauveur de la république. Dans le même temps qu’Héliogabale lui tendait des pièges, voici la réponse qu’il obtint du sort dans le temple de Préneste :

Si tu peux du destin un jour vaincre le courroux,

Tu seras Marcellus.

V. Le nom d’Alexandre lui fut donné, parce qu’il naquit dans un temple consacré à Alexandre le Grand, auprès de la ville d’Arka, où par hasard, le jour de la fête d’Alexandre, son père et sa mère s’étaient rendus pour en célébrer la solennité. Il s’ensuit que le jour où Alexandre Mammée entra dans la vie est justement le même où Alexandre le Grand en sortit. Le nom d’Antonin lui avait été déféré par le sénat ; il le refusa, quoiqu’il fût plus proche parent de Caracallus que cet autre Antonin supposé. Car, comme le dit Marius Maximus dans sa Vie de Sévère, ce prince, n’étant encore que simple particulier, et d’assez basse naissance, épousa une femme noble d’Orient, dont l’oracle lui avait annoncé que la fille serait un jour femme d’empereur. Tel est le titre d’Alexandre à la parenté des Antonins, et ainsi Varius Héliogabale était réellement son cousin par sa mère. Il refusa aussi le nom de Grand, qu’un décret du Sénat lui avait offert comme à un autre Alexandre.