Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/139

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un ignorant celui de Varron ? à un impie celui de Metellus ? Et, ce qu’aux dieux ne plaise ! qui pourrait supporter un homme qui ne soutiendrait pas la gloire d’un nom qu’il porterait insolemment au milieu des plus grands honneurs ? » On réitéra les mêmes acclamations.

IX. L’empereur continua : « Votre clémence doit se rappeler ce qu’a été le nom des Antonins, nom révéré à l’égal de celui d’un dieu. S’agit-il de piété, qui fut plus saint qu’Antonin le Pieux ? de science, qui plus prudent que Marc-Aurèle ? d’innocence, qui plus simple que Verus ? de courage, qui plus brave que Bassianus ? Je ne parlerai pas de Commode, qui fut d’autant plus détestable qu’il voulut porter ce nom d’Antonin en dépit de ses mœurs. Quant à Diadumène, il n’eut ni le temps ni l’âge suffisants, et s’il obtint ce nom, ce fut par l’adresse de son père. » Ici encore les mêmes acclamations. L’empereur reprit : « Et quand, tout récemment, le plus immonde, je ne dis pas des animaux à deux pieds, mais des quadrupèdes, s’était arrogé le nom d’Antonin, et surpassait en turpitude et en débauche les Néron, les Vitellius, les Commode, vous vous rappelez, pères conscrits, quels furent les gémissements de tous les citoyens, et que, dans toutes les réunions du peuple, dans toutes les conversations des honnêtes gens, une voix unanime s’élevait pour déclarer que ce nom n’était pas le sien, et que ce fléau ne le portait que par une indigne profanation. » Il parlait encore, quand on s’écria : « Les dieux nous gardent de malheurs ! Sous ton empire, nous ne craignons plus rien : toi à notre tête, nous sommes à l’abri. Tu as vaincu les vices, tu as vaincu les crimes, tu as vaincu les opprobres. Tu as relevé l’éclat du nom d’Antonin. Nous en sommes certains, nos présomptions sont justes : dès ton enfance nous avons bien auguré de toi ; aujourd’hui nous en augurons de même. » L’empereur répondit : « Si je refuse d’accepter ce nom, pères conscrits, ce n’est pas