Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/147

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XIV. Sa mère, la veille du jour où elle le mit au monde, songea qu’elle accouchait d’un petit serpent couleur de pourpre. Dans la même nuit, son père se vit, dans un songe, transporter au ciel sur les ailes d’une Victoire romaine qui était dans le sénat. Lui-même, encore enfant, consultant l’oracle sur ses destinées futures, reçut les deux vers suivants pour réponse : par le premier,

« À toi est réservé l’empire du ciel, et de la terre de la mer, »
on comprit qu’il serait mis au rang des dieux.
« Tu es appelé à commander à l’empire qui commande ; »


On comprit par là qu’il deviendrait le chef de l’empire romain ; car où trouver, si ce n’est chez les Romains, un empire qui commande ? C’est la traduction latine de deux vers grecs. Alexandre lui-même, pressé par son père de laisser un peu la philosophie et la musique pour d’autres arts, reçut ce présage flatteur, en consultant le Sort par les vers de Virgile :

D’autres avec plus d’art (cédons-leur cette gloire)
Coloreront la toile, ou, d’une habile main,
Feront vivre le marbre et respirer l’airain,
De discours plus flatteurs charmeront les oreilles,
Décriront mieux du ciel les pompeuses merveilles :
Toi, Romain, souviens-loi de régir l’univers ;
Donne aux vaincus la paix, aux rebelles des fers ;
Fais chérir de tes lois la sagesse profonde.
Voilà les arts de Rome et des maîtres du monde.

On rapporte beaucoup d’autres pronostics qui annonçaient en lui le prince du genre humain. Le feu de ses yeux était si ardent, qu’on ne pouvait le supporter pour peu qu’on le fixât. Il prédisait assez fréquemment ce qui devait arriver. Il avait une mémoire étonnante, qu’Acholius seul prétend avoir été secondée par des moyens arti-