Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/153

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seulement Arabinus vit encore, mais il ose se présenter au sénat : il attend peut-être quelque chose de moi ? Il faut qu’il me croie bien fou, bien insensé ! »

XVIII. On le saluait simplement par son nom, en ces termes : « Bonjour, Alexandre. » S’il arrivait à quelqu’un de baisser la tête, ou de dire quelque flatterie, il le chassait de sa présence comme adulateur, quand sa qualité le permettait, ou il l’accueillait d’un immense éclat de rire, si sa dignité le mettait au-dessus d’un affront plus grave. Il invitait à s’asseoir tous les sénateurs qui venaient le saluer, et n’admettait à cet honneur que les hommes honorables et d’une réputation intacte ; et, à l’instar des mystères d’Éleusis, où l’on prévient que personne ne doit entrer s’il ne se reconnaît exempt de faute, il fit publier par un héraut que personne ne vînt saluer le prince s’il se connaissait coupable de concussion, de peur que, s’il était découvert, il ne fût mis à mort. Il défendit qu’on l’adorât, usage qu’avait commencé à introduire Héliogabale, à l’imitation des Perses. Telle était sa manière de penser, « que les voleurs seuls se plaignent de la pauvreté, pour couvrir Ies crimes dont ils sont coupables. » Il ajoutait un proverbe grec connu sur les voleurs, et dont voici le sens : « Voler beaucoup, donner peu, voilà le moyen de se tirer d’affaire. »

XIX. Il établit pour lui un préfet du prétoire avec l’agrément du sénat ; il prit le préfet de la ville dans le sein même du sénat. Il fit un autre préfet du prétoire