Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/155

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qui avait pris la fuite pour ne pas être nommé, disant : « Il faut donner les charges de la république non à ceux qui les briguent, mais a ceux qui les évitent. » Jamais il ne créa un sénateur, sans prendre l’avis de tous les sénateurs présents, de sorte que c’était du consentement de tous qu’il était élu, et que les personnages les plus éminents donnaient leur témoignage. Si les témoins ou ceux qui émettaient leurs avis, le trompaient, ils étaient rejetés dans la dernière classe du peuple par un jugement qui les condamnait comme faussaires, sans qu’ils pussent compter sur la moindre indulgence. Jamais il ne présenta un sujet qui n’eût réuni les suffrages des grands dignitaires du palais, disant « qu’il fallait être un grand homme pour faire un sénateur. » Jamais il n’admit les fils d’affranchis dans l’ordre équestre, assurant que « cet ordre est une pépinière de sénateurs. »

XX. Il avait tant de douceur, que jamais personne n’était repoussé d’auprès de lui ; il se montrait à tous si doux et si affable, qu’il allait voir chez eux, quand ils étaient malades, non seulement ses amis du premier et du second rang, mais même ceux d’un rang inférieur ; il cherchait à savoir ce qu’ils ressentaient : le lui disait-on, il l’écoutait, et après l’avoir entendu, il faisait ce qu’il pouvait, suivant la circonstance, pour adoucir le mal et y porter remède. Si quelque chose se trouvait mal fait, il le disait de manière à ce qu’on en convînt, mais sans hauteur ni aigreur. Il offrait des sièges à tout le monde, excepté à ceux qui passaient pour concussionnaires ; et demandait toujours des nouvelles des absents. Enfin, comme Mammée sa mère, et Memmia sa femme, fille du consulaire Sulpicius, et nièce de Catulus, lui reprochaient sa trop grande popularité, et lui répétaient souvent qu’il rabaissait et faisait méconnaître la puissance impériale : « Oui, dit-il ; mais pour la rendre plus sûre et plus stable. » Jamais il ne passa