Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/157

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un jour sans le marquer par quelque acte de douceur, de civilité, de bonté ; mais sans ruiner le trésor public.

XXI. Il voulut que les condamnations fussent rares ; mais celles qui étaient prononcées, il les fit exécuter rigoureusement. Il affecta le produit des impôts à la construction des édifices des villes qui les fournissaient. Il plaça les deniers publics à quatre pour cent, de sorte qu’il donnait à la plupart des pauvres citoyens de quoi acheter des champs, et cela sans intérêts, n’exigeant le payement qu’en productions de la terre. Il revêtit ses préfets du prétoire de la dignité sénatoriale, de sorte qu’ils avaient le titre de clarissimes, et qu’ils l’étaient en effet ; ce qui avant lui n’avait eu lieu que rarement, ou même jamais ; au point que, si un empereur voulait donner un successeur à un préfet du prétoire, il envoyait par un affranchi le laticlave à celui qu’il voulait nommer, comme le rapporte Marius Maximus dans la vie de plusieurs empereurs. Or, il voulut que ses préfets du prétoire fussent sénateurs, afin qu’il ne pût arriver qu’un sénateur fût jugé par un citoyen qui ne l’était pas. Il connaissait tous les endroits où se trouvaient ses soldats ; il avait dans son cabinet des listes indiquant leur nombre, leurs années de service ; et toutes les fois qu’il était seul, il revoyait leurs états de situation, leur nombre, leurs grades, leurs campagnes, pour se tenir au courant de tout. Survenait-il quelque différend entre les soldats, il lui arrivait souvent de les appeler par leur nom. Il prenait note aussi de ceux qui devaient monter en grade ; il lisait attentivement tous les rapports, et marquait les jours où tels et tels avaient été promus, qui ils étaient, et qui avait sollicité pour eux. Il eut tant à cœur de ramener l’abondance des vivres, qu’il remplit de ses propres deniers les greniers du peuple romain, épuisés par Héliogabale.