Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/159

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XXII. Pour que les négociants concourussent volontairement à approvisionner Rome, il leur accorda la plus grande immunité. II rétablit dans leur entier les distributions d’huile que Sévère faisait au peuple, et qu’Héliogabale avait réduites à bien peu de chose, en confiant la charge de préfet des vivres aux hommes les plus corrompus. Il restitua à tous le droit de rendre des comptes, que ce prince impur avait aboli. Il établit à Rome beaucoup de travaux mécaniques. Il garantit aux juifs leurs privilèges ; il toléra les chrétiens. Il eut une si grande déférence pour les pontifes, les quindécemvirs et les augures, qu’il les autorisa à revoir après lui certaines causes relatives au culte, et à prononcer un jugement contraire au sien. Dans ses voyages, il faisait toujours monter en voiture avec lui, et comblait de présents, les gouverneurs de provinces qu’il savait devoir leur réputation à leur mérite, et non aux cabales, disant que si les prévaricateurs devaient être chassés de la république et privés de leurs biens, il fallait accueillir les hommes intègres et les enrichir. Le peuple romain ayant réclamé une diminution dans le prix des subsistances, il fit demander par un curion quelle était la denrée qu’on trouvait trop chère. Tous s’écrièrent à l’instant que c’était « la viande de bœuf et celle de porc. » Alexandre alors n’en restreignit pas le prix ; mais il défendit de tuer aucune truie pleine ou allaitant, ni aucune vache, ni aucun veau ; en l’espace de deux ans, ou même seulement d’un peu plus d’une année, suffit pour que les viandes de bœuf et de porc, qui se payaient à raison de huit minutum la livre, fussent réduites à deux, et même à un.

XXIII. Il écoutait les plaintes des soldats contre leurs tribuns, et s’il trouvait quelqu’un en défaut, il le punissait sans pitié, suivant la gravité du fait. Il avait toujours à ses ordres des hommes affidés pour prendre toutes les informations, et il avait soin que ces hommes ne