Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/161

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fussent pas connus ; « Car, disait-il, il n’est personne que l’argent ne puisse corrompre. » Il eut soin que ses esclaves portassent toujours l’habit de leur condition ; ses affranchis, celui des gens libres. Il rejeta de son service les eunuques, et les donna à sa femme pour la servir comme esclaves. Tandis qu’Héliogabale se laissait maîtriser par ses eunuques, il en réduisit le nombre, et ne leur donna dans le palais d’autres charges que de soigner le bain des femmes : ainsi, loin de leur confier, comme le faisait Héliogabale, la plupart des fonctions et des intendances, lui leur retirait même leurs anciennes dignités. Il disait que les eunuques sont une troisième espèce d’hommes, que les hommes ne doivent ni employer ni même voir, et bons tout au plus pour le service des femmes nobles. Un homme avait fait trafic de sa protection et avait reçu cent auréus d’un soldat ; il le fit mettre en croix sur le chemin même par où ses esclaves passaient fréquemment pour se rendre à la maison de plaisance de l’empereur.

XXIV. Il créa des provinces prétoriennes et plusieurs présidiales : il en érigea quelques-unes en proconsulaires avec l’agrément du sénat. Il prohiba, à Rome, les bains mixtes : cette défense existait autrefois ; mais Héliogabale l’avait levée. Il défendit qu’on versât dans le trésor public le produit de l’impôt sur les entremetteurs, sur les filles publiques, les prostitués : il le fit servir aux dépenses publiques pour la restauration du théâtre, du Cirque, de l’amphithéâtre, du stade. Il avait l’intention d’empêcher les débauches entre hommes, ce que Philippe fit depuis ; mais il craignit qu’en entravant ces turpitudes publiques, elles ne se changeassent en débauches particulières, puisqu’il est vrai que les hommes recherchent plus avidement ce qui leur est défendu, et que les obstacles augmentent la fureur de leurs passions. Il établit un impôt fort sage sur les tailleurs, les tisse-