Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/17

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dépenses ; il établit des jeux dans sa maison ; il recueillit de ces femmes d’une beauté trop connue, et en fit comme des appâts de mauvais lieux, pour corrompre les femme honnêtes. Il imita les marchands qui courent les foires. Il achetait des chevaux de trait, et, en habit de cocher, conduisait des voitures ; il mangeait avec les gladiateurs ; il portait l’eau, comme valet de ces hommes méprisables qui tiennent maison de prostitution, tellement que vous l’eussiez cru né plutôt pour cette abjection que pour le poste éminent où le plaça la fortune.

III

Il écarta les anciens serviteurs de son père, il dédaigna ses amis devenus vieux. Salvius Julianus était à la tête des armées ; ses efforts furent impuissants pour attirer son fils à la débauche, il tendit des embûches au père. Tout ce qu’il y avait d’honnêtes gens, il les éloigna soit par des affronts, soit par des places indignes d’eux. Des comédiens de la plus basse classe l’appelèrent des noms les plus honteux ; bientôt, pour qu’ils ne parussent plus, il les bannit. La guerre avait été presque terminée par son père ; il eut la lâcheté de se laisser imposer la loi de l’ennemi, abandonna tout, et revint à Rome. À son retour, il triompha ; mais Anterus, objet de turpitude, était placé derrière lui sur le char, et plus d’une fois, dans la pompe triomphale, on vit l’empereur tourner la tête pour lui donner publiquement des baisers. Même chose se renouvela au théâtre. Après avoir passé le jour à boire et à engloutir les richesses de l’empire romain, le soir il courait les tavernes et les lieux de prostitution. Il envoya pour gouverner les provinces ou les compagnons de ses crimes, ou des gens que ceux-ci lui recommandaient. Enfin il en vint à un tel point de haine contre le sénat, qu’il se porta à des cruautés extrêmes envers cet ordre honorable, et qu’il tomba dans le mépris.

IV

La conduite atroce de Commode poussa Quadratus