Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/177

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milice de parade, non de vêtements précieux, mais d’habits de belle apparence et d’étoffe éclatante. Pour les étendards et tout ce qui concerne la pompe impériale, il n’employait ni beaucoup d’or ni beaucoup de soie, disant que la grandeur d’un souverain résidait dans la vertu, et non dans un appareil brillant. Il reprit pour son usage les chlamydes grossières de Sévère, et les habits à longues manches bordés seulement d’une bande étroite de pourpre, ou les tuniques ordinaires sans pourpre.

XXXIV. À table il ne connaissait pas l’usage de l’or : il buvait dans des coupes de valeur médiocre, mais toujours brillantes de netteté. Son argenterie de table n’excéda jamais le poids de deux cents livres. II abandonna au peuple Ies nains et les naines, les bouffons, les vieux chanteurs, les joueurs d’instruments et les pantomimes. Ceux qui n’étaient plus bons à rien, il les répartit dans les villes pour être nourris par elles, et afin qu’ils ne donnassent pas le spectacle hideux de la mendicité. Il distribua à ses amis les eunuques qu’Héliogabale avait admis à ses conseils de débauche et élevés même aux dignités, en leur recommandant de les tuer, sans forme de procès, s’ils ne revenaient à des mœurs plus honnêtes. Il fit vendre grand nombre de femmes prostituées, qu’il avait fait arrêter, et exila ou fil noyer ces habitués d’Héliogabale, avec lesquels ce monstre exerçait ses brutales passions. Même dans les repas publics, aucun des officiers du palais ne portait d’habit doré. Quand il mangeait en famille, il faisait venir Ulpien, ou quelques savants hommes, avec lesquels il tenait une conversation littéraire qui, disait-il, récréait son esprit et le nourrissait en même temps. Quand il mangeait seul, il avait un livre sur sa table, et il lisait : le plus volontiers c’étaient des auteurs grecs ; cependant il lisait quelquefois aussi des poètes latins. La même simplicité distinguait ses