Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/179

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banquets publics et ses repas privés : seulement quand il voyait s’accroître le nombre des assistants et la multitude des convives, il s’en offensait, disant qu’il mangeait au théâtre et dans le Cirque.

XXXV. Il entendait volontiers les orateurs et les poètes, non pas ceux qui lui débitaient des panégyriques (ce qu’il traitait de sottise, à l’exemple de Pescennius Niger), mais ceux qui lui récitaient les discours et les hauts faits des anciens héros que j’ai nommés plus haut. Plus volontiers encore il entendait les louanges d’Alexandre le Grand, ou des bons princes qui l’avaient précédé, ou des grands hommes qui avaient illustré Rome. Il se rendit fréquemment à l’Athénée, pour entendre les rhéteurs ou les poètes grecs et latins. Il se faisait réciter les discours qu’avaient prononcés les orateurs plaidant ou au forum, ou au palais même, ou chez le préfet de la ville. Il présidait les jeux, et surtout les jeux Herculiens en l’honneur d’Alexandre le Grand. Jamais dans ses entrevues du matin ou de l’après-midi il ne reçut qui que ce fût seul près de lui, parce qu’il avait découvert qu’on avait débité des faussetés sur son compte ; et surtout un certain Vétronius Turinus, qui, admis à sa familiarité, avait cherché à l’avilir, se vantant faussement de disposer de ses faveurs, représentant Alexandre comme un homme sans moyens, qu’il tenait sous sa dépendance et tournait comme il voulait. Aussi avait-il persuadé bien des gens que I’empereur ne faisait rien que d’après sa volonté.

XXXVI. Enfin, pour le prendre en défaut, il usa de la ruse suivante : il se fit faire publiquement une demande par quelqu’un ; par la même personne il fit demander secrètement à Turinus son appui, afin qu’il parlât pour elle à Alexandre en particulier. Cela fait, et Turinus ayant promis sa protection, et ayant même annoncé que