Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Adrien. Tel était chaque jour le service de sa table : trente setiers de vin pour toute la journée, trente livres de pain blanc, cinquante de seconde qualité pour être distribué : car il donnait lui-même, de sa propre main, aux officiers de sa table, le pain et les portions de légumes, de viande ou de graines, comme eût fait le père de famille le plus mûri par l’âge. La règle était trente livres de viandes diverses, et deux poules. On ajoutait une oie les jours de fête ; un faisan aux calendes de janvier, aux fêtes de la Mère des dieux, le jour des jeux Apollinaires, au banquet sacré de Jupiter, pendant les Saturnales, et autres fêtes semblables ; quelquefois on en servait deux, avec deux poules. Tous les jours il avait un lièvre, et quantité de gibier : mais il le partageait avec ses amis, et surtout avec ceux qu’il savait ne pouvoir en acheter. Quant aux riches, il ne leur envoya jamais de tels présents ; c’était toujours lui qui en recevait d’eux. Il avait tous les jours quatre setiers de millet sans poivre et deux avec du poivre. Enfin, pour ne pas rapporter ici tous les détails qu’a recueillis Gargilius Martial, écrivain du temps, tout chez lui se faisait avec poids et mesure. Il aimait tellement les fruits, qu’il se faisait souvent donner plusieurs services de dessert : d’où ce jeu de mots que l’on fit alors : « Ce n’est pas un second service qu’il faut à Alexandre, c’est une seconde fois le même. » Il mangeait beaucoup, buvait du vin, ni trop ni trop peu, mais suffisamment. Toujours il usait d’eau fraîche, surtout dans l’été, mais elle était parfumée à la rose : c’était le seul raffinement de sensualité qu’il eût conservé d’Héliogabale.

XXXVIII. Mais puisque nous sommes venus à parler des lièvres, comme il s’en faisait servir un tous les jours,