Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/185

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ce fut une occasion à un poète de faire allusion à un dicton qui attribuait au lièvre la faculté de procurer la beauté pendant sept jours à ceux qui en mangeaient, ainsi que l’a consigné Martial dans une épigramme contre une certaine Gellia, ainsi conçue :

« Quand par hasard, Gellia, tu m’envoies un lièvre, tu me dis : Marcus, tu seras beau pendant sept jours. Si ce n’est point une dérision, si la vérité sort de ta bouche, ô lumière de ma vie, je suis sûr, Gellia, que jamais tu n’as mangé de lièvre ».

Ces vers de Martial s’adressaient à une femme sans beauté ; mais voici le sens de ceux qu’un poète contemporain d’Alexandre écrivit contre ce monarque :

Si noire roi, que l’Assur a vu naître,
À nos yeux étonnés offre des traits si beaux,
C’est qu’il a le secret, à force de levrauts,
D’entretenir l’éclat dont brille tout son être.


Ces vers ayant été montré à Alexandre par un de ses amis, il fit, dit-on, en vers grecs, la réponse dont voici le sens :

Publie à qui voudra l’entendre
Ce conte absurde et sans raison,
Que l’éclat de votre Alexandre
Est le fruit de sa venaison :
Je ne m’en fâche point, misérable poète.
Mais, à ton tour aussi, mange quelque gibier
Qui, tarissant le fiel de ton âme inquiète,
Du don de la beauté puisse te gratifier.

XXXIX. Pour se conformer à l’usage établi par Trajan, de vider après le dessert jusqu’à cinq coupes, toutes les fois qu’il avait des militaires à sa table, il leur en faisait servir une en l’honneur d’Alexandre le Grand ; encore était-elle petite, à moins que quelqu’un n’en demandât une plus grande, ce dont il laissait la liberté. Il était très modéré sur les plaisirs de l’amour, et avait tant