Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et fit transporter l’or au trésor public, disant que l’usage des pierreries ne convenait pas à des hommes, et que, quant aux dames de la cour, elles devaient se contenter d’une coiffe à réseau, de pendants d’oreilles, d’un collier de perles, d’une couronne pour les sacrifices, d’un seul manteau pailleté d’or, et d’une robe traînante qui ne portât pas plus de six onces d’or. Les mœurs publiques de son époque subirent l’influence de ses mœurs particulières : les grands l’imitèrent, comme les femmes nobles prirent modèle sur son épouse. Il restreignit tellement le personnel de sa maison, que dans chaque office il n’y avait que le nombre d’hommes strictement nécessaires. Ainsi, les foulons, les tailleurs, les panetiers, les échansons, et tous les officiers du château étaient payés en rations de blé, et ne recevaient pas des titres, comme du temps de ce misérable. Chacun recevait sa ration ; bien peu la recevaient double. Et comme il n’avait que deux cents livres pesant d’argenterie, et un domestique peu nombreux, quand il invitait ses amis, ceux-ci lui envoyaient avant le repas de l’argenterie et, des gens de service : ce qui se pratique encore aujourd’hui quand les préfets traitent en l’absence de l’empereur. Jamais il n’admit à ses festins les divertissements du théâtre : son plus grand plaisir était de faire battre de jeunes chiens avec de jeunes cochons, ou des perdrix entre elles, ou de voir voltiger çà et là des petits oiseaux. Il avait encore dans son palais un moyen de distraction qui l’amusait beaucoup, et le délassait des soucis du gouvernement. C’étaient des volières de paons, de faisans, de poules, de canards, de perdrix : il y prenait beaucoup de plaisir ; il aimait surtout les pigeons, dont il eut, dit-on, jusqu’à vingt mille. Et afin que la nourriture de tous ces oiseaux ne fût pas une charge pour l’État, il avait des esclaves de louage, qui les nourrissaient du produit des œufs des jeunes poulets et des pigeonneaux.