Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/21

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Faustina, et les consulaires Velius Rufus et Égnatius Capiton. Les consuls Émilius Junctus et Atilius Sévère furent envoyés en exil. On sévit de différentes manières sur un grand nombre d’autres.

V

Dès lors Commode ne se montra plus volontiers en public ; il ne souffrit même plus qu’on pût arriver jusqu’à lui, sans l’assentiment de Pérennis. Celui-ci, qui avait, étudié à fond le caractère de Commode, imagina un moyen de s’emparer du pouvoir : il persuada l’empereur de ne s’occuper que de ses plaisirs, tandis que lui s’inquièterait des affaires de l’État. Commode accepta la proposition avec joie. D’après cet arrangement, retiré dans son palais avec trois cents concubines que leur beauté lui avait fait choisir parmi les femmes mariées et les prostituées, et autant de jeunes débauchés pris également d’après leur extérieur dans le peuple et la noblesse, et même parmi les hommes mariés, il vivait dans la licence des banquets et des bains. Plus d’une fois, en habit de sacrificateur, il égorgea des victimes. Il descendait dans l’arène avec les gladiateurs gardes de sa chambre, et se battait contre eux à pointe émoussée, quelquefois même avec des glaives acérés. Pendant ce temps Pérennis envahit toute la puissance : il fit mourir ceux qu’il voulut, dépouilla de leurs biens grand nombre de citoyens, bouleversa toutes les lois, et attira à lui tout le butin de Rome. Quant à Commode, il fit mourir sa sœur Lucilla après en avoir abusé ; ayant ensuite déshonoré, dit-on, ses autres sœurs, et entretenu des liaisons avec une cousine germaine, il fit choix d’une des concubines de son père, à laquelle il donna le nom de mère et celui d’épouse ; puis, l’ayant surprise en adultère, il la chassa, la bannit, et enfin la fit mourir. Il faisait violer ses propres concubines sous ses yeux. Et il ne manquait pas de jeunes libertins qui venaient assouvir sur lui leur