Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/63

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VERS CONTRE COMMODE ANTONIN.

Commode, où donc aspire un orgueil ridicule ?
Quoi ! tu voudrais qu’en toi l’on reconnût Hercule ?
Comptes-tu pour si peu le nom des Antonins,
Qu’on doive l’échanger pour les honneurs divins ?
Tu méconnais tes droits, tu méprises l’empire :
Être dieu, c’est donc là ce que ton cœur désire ?
Mais un trône entouré de respect et d’amour
Vaut-il moins que l’encens d’une hypocrite cour ?
Tu veux avoir un temple et des autels dans Rome :
Ah ! bien loin d’être un dieu, tu n’es pas même un homme.

Ces vers, composés par je ne sais quel auteur grec, furent traduits en latin par quelque méchant poète. J’ai pensé devoir les rapporter ici, pour montrer à tous que les Antonins furent regardés comme supérieurs aux dieux, et de quel amour furent l’objet trois princes de ce nom, honorés comme les types sacrés de la sagesse, de la bonté, de la piété : Antonin, Verus et Marc-Aurèle. Revenons maintenant à la lettre d’Opilius Macrin.

OPILIUS MACRIN A NONIA CELSA, SA FEMME.

« Le bonheur qui nous est arrivé, chère épouse, est inestimable. Tu penses sans doute que je parle de l’avènement au trône : c’est peu de chose que cela ; la fortune en fait autant pour les plus indignes. Je suis père d’un Antonin. Tu es mère d’un Antonin, Quel bonheur est le nôtre ! ô maison fortunée qui va désormais faire la gloire et la félicité de l’empire ! Fassent les dieux, et la bonne Junon, objet de ton culte, que notre fils offre les vertus de son nom, et que moi je paraisse aux yeux de tous digne de l’honneur d’être le père d’un Antonin ! »

VIII. Cette lettre montre combien il croyait avoir acquis de gloire par le nom d’Antonin porté par son fils. Cepen-