Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par un vice de la nature humaine, si vous ménagez ceux-ci, d’autres ne manqueront pas de se montrer. »

Cette lettre, les uns la regardent comme écrite par lui, d’autres l’attribuent à Célianus son précepteur, ancien rhéteur africain. Elle montre assez clairement ce que serait devenu ce jeune homme s’il eût vécu.

IX. Nous avons également la lettre qu’il écrivit à sa mère ; la voici :

« Notre empereur et maître ne vous aime pas, il ne s’aime pas lui-même, puisqu’il laisse la vie à ses ennemis. Faites donc en sorte qu’Arabianus, Tuscus et Gellius soient attachés au poteau ; de peur qu’à la première occasion, nous ne soyons leurs victimes. »

Si l’on en croit Lollius Urbicus, dans l’histoire qu’il écrivit des événements de son époque, ces lettres, publiées par un secrétaire, firent beaucoup de tort au jeune prince dans l’esprit des soldats. Ceux qui venaient de tuer le père, étaient tout disposés à laisser la vie au fils. Mais un officier de la chambre se trouva là qui lut ces lettres en pleine assemblée. Les deux empereurs tués, leurs têtes furent promenées au bout d’une pique, et l’armée se prononça pour Marcus Aurelius Antonin ; c’est le nom qui la décida. Il passait pour fils de Bassianus Caracallus, et était prêtre du temple d’Héliogabale. C’était l’homme du monde le plus dissolu, et, par une destinée fatale, l’empire fut avili entre ses mains. J’aurais bien des choses à dire de cet Antonin Héliogabale ; je les rapporterai en leur lieu.