Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/75

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Quirinal un petit sénat, ou sénat de femmes, dans un lieu où se tenait auparavant la réunion des dames romaines aux fêtes solennelles seulement, réunion à laquelle n’étaient admises que les femmes de consuls qu’on avait honorées des ornements consulaires ; c’est une concession qu’avaient faite nos anciens empereurs, en faveur de celles surtout qui n’avaient pas leurs époux anoblis pour qu’elles ne restent pas elles-mêmes sans distinction. Mais ce sénat sémiamirique n’enfanta que des édits ridicules sur les modes des femmes : on y décidait quel habit chacune porterait dans les rues de la ville ; quelle femme cèderait le pas à telle autre ; quelle était celle qui devait attendre le baiser de l’autre ; à qui serait réservée la voiture, à qui le cheval de selle, à qui l’âne ; et parmi celles qui avaient le droit de voiture, qui pourrait y atteler des mules, qui se ferait traîner par des bœufs ; parmi celles qui auraient le droit de monture, si la selle serait en pelleterie, en os, en ivoire ou en argent ; enfin qui aurait le droit de porter à sa chaussure de l’or ou des pierreries.

V. Dans un hiver que l’empereur passa à Nicomédie, comme il s’y comportait de la manière la plus dégoûtante, admettant les hommes à un commerce réciproque de turpitudes, les soldats se repentirent bientôt de ce qu’ils avaient fait, et se rappelèrent avec amertume qu’ils avaient conspiré contre Macrin, pour faire ce nouveau prince : ils pensèrent donc à porter leurs vues sur Alexandre, cousin de ce même Héliogabale, et auquel le sénat, après la mort de Macrin, avait conféré le titre de César. Car qui pouvait supporter un prince qui prêtait à la luxure toutes les cavités de son corps, quand on ne le souffre pas dans les bêtes elles-mêmes ? Enfin il en vint au point de ne plus s’occuper d’autre chose dans Rome, que d’avoir des émissaires chargés du soin de rechercher exactement les hommes les mieux conformés