Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/77

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pour ses goûts abjects et de les introduire au palais pour qu’il pût en jouir. Il se plaisait en outre à faire représenter chez lui la fable de Pâris. Lui-même y jouait le rôle de Vénus, et, laissant tout à coup tomber ses vêtements à ses pieds, entièrement nu, une main sur le sein, l’autre sur les parties génitales, il s’agenouillait, et élevant la partie postérieure, il la présentait au compagnon de sa débauche. Il arrangeait aussi son visage, comme on peint celui de Vénus, et avait soin que tout son corps fût parfaitement poli, regardant comme le principal avantage qu’il pouvait tirer de la vie de se faire juger apte à satisfaire les goûts libidineux du plus grand nombre possible.

VI. Il trafiqua et des honneurs, et des dignités, et de la puissance, tant par lui que par ses gens et les ministres de ses turpitudes. Il conféra la dignité de sénateur sans aucun discernement d’âge, de cens, de noblesse, ne reconnaissant d’autre mérite que l’argent ; il vendit les charges de préfets de tribuns, d’ambassadeurs, de généraux d’armée, et jusqu’aux intendances et autres offices du palais. Les cochers Protogène et Gordius furent d’abord ses compagnons dans les courses de chars, puis ses complices dans tous les actes de sa vie. Il aima un certain Hiéroclès avec tant de passion, que, chose honteuse à rapporter, il lui baisait les parties naturelles, disant qu’il célébrait ainsi les mystères de Flore. Il commit un inceste avec une vestale. Il profana les choses les plus révérées du peuple romain en enlevant les simulacres des dieux. Il voulut éteindre le feu sacré. Et ce n’est pas seulement les religions de Rome qu’il voulut abolir ; mais, s’efforçant d’établir dans le monde entier le culte unique de son dieu Héliogabale, il pénétra, profané qu’il était par la corruption de ses mœurs et s’accompagnant de gens aussi impurs que lui, dans le sanctuaire de Vesta, où n’ont accès que les vierges consacrées et les pontifes ; ayant voulu enlever le simulacre de la déesse, il prit pour la véritable