Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/83

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dis qu’il était fort adonné à la débauche. Enfin il força plus d’un historien de sa vie, d’y écrire les choses les plus infâmes, les plus révoltantes sur son avidité pour les plaisirs. Il établit des bains publics dans les bâtiments du palais, et en même temps y admit le peuple, afin de connaître ceux qui étaient le mieux conformés pour ses goûts dépravés. Et il s’attacha à faire rechercher dans toute la ville, jusque parmi les matelots, sous le nom de monobèles, ceux dont la virilité paraissait le plus prononcée.

IX. Comme il voulait porter la guerre chez les Marcomans, qu’Antonin avait glorieusement défaits, on lui dit que c’était par le moyen des Chaldéens et des Mages, et en employant des enchantements, que Marc Antonin les avait maintenus dans la soumission et dans l’amitié du peuple romain. En vain demanda-t-il quelles étaient les paroles magiques employées, et en quel lieu elles étaient consignées ; on les fit disparaître : on savait trop bien qu’il ne les recherchait que pour en détruire le charme et renouveler ainsi la guerre ; dans l’espérance, surtout, d’accomplir l’oracle qu’il connaissait, d’après lequel la guerre des Marcomans serait terminée par un Antonin : prétention d’autant plus ridicule, que ce nom qu’il profanait il se l’était arrogé par usurpation, et que, objet de la risée publique, on ne l’appelait que Varius ou Héliogabale. Or, il était trahi surtout par ceux qui s’affligeaient de se voir préférer d’autres hommes plus riches et mieux conformés qu’eux pour subir ses turpitudes. C’est alors que l’on commença à penser à se défaire de lui. Voici ce qui se passait à l’intérieur du palais.

X. Mais les soldats ne purent souffrir qu’un pareil fléau se voilât du titre d’empereur : ce furent d’abord des conversations secrètes ; puis ils parlèrent hautement dans les cercles, penchant tous pour Alexandre,