Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/85

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que déjà le sénat avait déclaré César en même temps que Macrin, cousin de cet Antonin : car ils avaient pour aïeule commune Varia ; d’où le nom de Varius avait été donné à Héliogabale. Un certain Zoticus fut si puissant sous lui, que tous les autres grands officiers le traitaient comme s’il eût été le mari de son maître. En outre, ce même Zoticus, abusant de ce titre de familiarité, donnait de l’importance à toutes les paroles et actions d’Héliogabale, ambitionnant les plus grandes richesses, faisant aux uns des menaces, aux autres des promesses, trompant tout le monde, et quand il sortait d’auprès du prince, allant trouver chacun, pour leur dire : « J’ai dit telle chose de vous ; voilà ce que j’en ai entendu sur votre compte ; telle chose doit vous arriver,  » comme font tous les gens de cette sorte, qui, admis auprès des princes à une trop grande familiarité, vendent la réputation de leur maître, qu’il soit mauvais ou bon ; et grâce à la sottise ou à l’inexpérience des empereurs, qui ne s’aperçoivent de rien, se repaissent du plaisir de divulguer des infamies. Il se maria et consomma le mariage, ayant un garçon de noce qui lui criait, «  Perce, enfonce ; » et cela pendant que Zoticus était malade. Il demandait ensuite aux philosophes et aux personnages les plus graves, si dans leur jeunesse ils s’étaient laissé faire les mêmes choses que lui, et cela dans les termes les plus éhontés : car jamais il ne ménagea les paroles déshonnêtes, allant jusqu’à représenter des obscénités avec ses doigts, habitué qu’il était à fronder toute pudeur dans les assemblées et en présence du peuple.

XI. Il choisit parmi les affranchis des gouverneurs de provinces, des ambassadeurs, des proconsuls, des chefs militaires ; enfin il souilla toutes les dignités en les conférant à ce qu’il y avait de plus ignoble en dissolution. Ayant invité à des vendanges des amis de distinc-