Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/89

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plus haut, afin que son autorité lui donnât plus de dignité, puisqu’il en avait si peu par lui-même : avant lui, comme nous l’avons déjà dit, jamais femme ne fut admise à venir au sénat donner son opinion et sa signature. Dans les festins, il se plaçait de préférence auprès des hommes prostitués, il prenait plaisir à leurs attouchements, et jamais il ne recevait de personne, plus volontiers que de leurs mains, la coupe, après qu’ils avaient bu.

XIII. À travers tous les maux inséparables d’une vie si désordonnée, il fit éloigner de lui Alexandre, qu’il avait adopté, disant qu’il se repentait de cette adoption : il manda au sénat de lui retirer le titre de César ; mais le sénat à cette proposition garda un silence complet, car cet Alexandre était un excellent jeune homme, qui, plus tard, se montra digne de l’empire, mais qui déplaisait à son père parce qu’il n’était pas vicieux. Il était son cousin, et, suivant quelques-uns, il était aimé des soldats, bien vu du sénat et de l’ordre des chevaliers. La fureur d’Héliogabale le porta jusqu’à souhaiter sa mort. Il aposta des gens pour l’assassiner, et voici le plan qu’il adopta : il feignit d’être épris d’amour pour un nouveau jeune homme, et se retira dans les jardins de la Vieille Espérance, laissant au palais sa mère, son aïeule et son cousin. L’ordre était donné d’égorger pendant ce temps ce jeune prince vertueux et si nécessaire à la république. Il adressa aussi à l’armée une lettre par laquelle il commandait qu’on ôtât à Alexandre le titre de César. Il envoya dans les camps couvrir, de boue les inscriptions de ses statues, comme on a coutume de faire pour les tyrans. Il dépêcha aussi aux gouverneurs du jeune prince, avec promesse de biens et d’honneurs, l’ordre