Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/93

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instances de l’officier, qu’ils épargneraient Héliogabale s’il éloignait de sa personne les hommes débauchés, les cochers et les histrions, et s’il revenait à un genre de vie plus honnête ; qu’ils tenaient surtout à ce qu’on fît disparaître ces hommes qui, au grand regret de tous, avaient acquis tant de pouvoir auprès de lui, et qui pour des futilités, pour une vaine fumée, faisaient trafic de toutes ses faveurs. Alors Hiéroclès, Gordius et Murissimus sont éloignés, ainsi que deux amis sans honneur, qui de sot qu’il était le rendaient plus sot encore. En outre, les soldats recommandent aux officiers du palais de ne pas souffrir qu’il continue plus longtemps son genre de vie, de faire garder à vue Alexandre, pour qu’aucune violence ne lui soit faite, de ne permettre aucun rapprochement entre le jeune César et les amis de l’empereur, afin d’éviter qu’il ne devienne l’imitateur de ses turpitudes. Mais Héliogabale redemandait avec instance Hiéroclès, l’homme le plus impudique, et inventait chaque jour de nouveaux pièges contre César. Enfin, aux calendes de janvier, ayant été tous deux ensemble désignés consuls, il ne voulut pas paraître en public avec son cousin. À la fin, comme son aïeule et sa mère lui dirent que les soldats menaçaient d’attenter à sa vie s’ils ne voyaient la concorde régner entre les cousins, il prit la prétexte et, vers la sixième heure, partit pour se rendre au sénat, en ayant soin d’y appeler son aïeule, qu’il conduisit jusqu’à son siège. Mais il refusa ensuite d’aller au Capitole unir ses vœux à ceux de César et faire les sacrifices publics : tout le reste des cérémonies fut achevé par le préfet de la ville, comme si les consuls eussent été absents.

XVI. Il ne différa pas plus longtemps la mort de son cousin ; mais craignant que le sénat ne portât ses vues sur quelque autre, si lui-même le tuait, il ordonna que