Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/95

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le sénat quittât la ville sur-le-champ. Ceux même qui n’avaient ni voitures ni domestiques reçurent l’ordre de partir sans délai : les uns louèrent des porteurs, les autres prirent les montures qu’ils trouvèrent. Sabinus, personnage consulaire, auquel Ulpien dédia ses ouvrages, étant resté dans la villa, Varius appela un centurion, et lui commanda à voix basse de tuer le sénateur. Mais le centurion, qui était un peu sourd, crut qu’on lui ordonnait de le chasser de la ville ; ce qu’il fit. Ainsi Sabinus ne dut la vie qu’à l’infirmité d’un centurion. Il éloigna de lui, comme homme de bien, le jurisconsulte Ulpien, ainsi que le rhéteur Silvinus qu’il avait donné à César pour maître. Silvinus fut même mis à mort, Ulpien fut conservé. Mais les soldats, surtout les prétoriens, soit qu’ils craignissent une vengeance pour ce qu’ils avaient tenté déjà contre Héliogabale, soit à cause de la haine dont ils se voyaient l’objet, conspirèrent pour délivrer la république, et commencèrent par faire périr les complices du prince par différents genres de supplices, les uns en leur arrachant les entrailles, les autres en les empalant, afin que leur mort eût quelque conformité avec leur vie.

XVII. Après cela on l’attaqua lui-même ouvertement, et enfin il fut tué dans des privés où il s’était réfugié. Traînant ensuite son cadavre sous les yeux du peuple, les soldats l’outragèrent au point de le jeter dans un égout. Mais, cet égout se trouvant trop étroit, on le traîna dans tous les coins du Cirque, puis on le précipita dans le Tibre par-dessus le pont Émilien, après lui avoir attaché des poids, pour qu’il ne revînt pas sur l’eau, et ne pût jamais recevoir de sépulture. Son nom d’Antonin fut effacé par ordre du sénat ; on ne laissa subsister que ceux de Varius Héliogabale : car ce n’était que pour donner à croire qu’il était fils d’Antonin, qu’il avait affecté de prendre ce nom. Après sa mort,