9. Le vice-roi rendit ensuite quelques ordonnances, défendit la chasse ; puis il remplaça Regnault par de la Hure, et le 17 mars son escadre, composée de dix vaisseaux, reprenait la route de Madagascar.
10. D’un caractère dur, emporté, violent, ce gouverneur détruisit en peu de temps ce qu’avait édifié son prédécesseur. Il donnait ses ordres d’un ton impérieux et en exigeait l’exécution avec rigueur. Il interdit la chasse au lieu de la réglementer. Un employé de la Compagnie, Véron, fut fusillé et écartelé pour s’être permis de lui adresser quelques observations. Ces rigueurs convenaient peu à des gens qui ne comprenaient ni l’obéissance ni la soumission ; aussi le plus grand nombre d’entre eux, abandonnant leurs plantations, s’enfuirent dans les bois.
11. Les noirs n’étaient pas mieux traités que les blancs ; en retour, le gouverneur n’en était pas moins détesté. Malgré l’absence de chemins, de La Hure se faisait porter d’un lieu à l’autre ; cette exigence inusitée acheva d’exaspérer les noirs qui résolurent de précipiter le gouverneur du haut d’une ravine profonde, à la première traversée qui serait faite de Saint-Denis à Saint-Paul. Le complot fut découvert et les noirs mis à mort. Leur exécution a fait donner à la ravine en question le nom de Ravine-à-Malheur.
Cet état de choses dura trois ans, pendant lesquels plusieurs colons parvinrent à regagner la