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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/8

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5. Les colons fatigués des duretés du commandant de Pronis, se révoltèrent : douze des principaux mutins furent saisis, jugés, condamnés et déportés à Mascareigne, dont ils devinrent les premiers habitants (1646).

De Pronis commit deux fautes qui eurent les conséquences les plus opposées : la première, en compromettant l’autorité et les propres intérêts du commandant, fut le principe de la colonisation de Bourbon ; la seconde entraîna la perte des établissements français à Madagascar.

Soit tempérament, soit dissidence religieuse, de Pronis traita les Français avec dureté et mépris ; il détourna ensuite quantité d’objets à l’usage de la Colonie, du bétail et surtout le riz, pour satisfaire aux exigences de son inconduite. Deux requêtes présentées par les colons ne leur attirèrent que des menaces ; les Français exaspérés se saisirent du commandant, le mirent aux fers, et l’enfermèrent dans une chambre noire durant six mois.

Sur ces entrefaites arriva le Saint-Laurent, capitaine Roger le Bourg, selon d’autres, Royer du Bourg, à qui les Français remirent de Pronis pour être emmené en France ; mais le Bourg se laissa toucher, il céda aux insinuations du commandant qui fut réintégré dans son poste.

Les colons, indignés de cette trahison, se révoltèrent de nouveau. Trente d’entre eux dirigés par la Fontaine, Beaumont, des Roquettes, la Forge, Saint-Martin, du Mont, occupèrent l’extrémité des retranchements du Fort, bien résolus à s’y maintenir indépendants. Cet état de choses nuisait d’autant plus à la Colonie, que les insurgés interceptaient le bétail et les vivres.

Cependant, à force de stratagèmes et de promesses, de Pronis et le Bourg parvinrent à obtenir la soumission des révoltés et la reddition de leurs armes ; mais, au lieu du pardon promis, on garrotta les douze principaux qui Furent jetés sur le Saint-Laurent à destination de Fran-