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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/205

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de juillet, vigile des apôtres Pierre et Paul[1], sous le règne du Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent honneur et gloire dans tous les siècles. Ainsi soit-il !


[DIXIÈME RÉCIT]
[De la délivrance d’Antioche à la victoire d’Ascalon (29 juin 1098-12 août 1099)]

[30.] Tous nos ennemis ayant été complètement vaincus — et nous en rendîmes dignement grâces au souverain Dieu triple et un — ils commencèrent à s’enfuir de tous côtés. Les uns à moitié vivants, d’autres couverts de blessures, tombaient morts dans les vallées, dans les bois, dans les champs, sur les chemins. Le peuple du Christ, les pèlerins victorieux revinrent dans la ville tout joyeux de leur heureux triomphe, après avoir vaincu l’ennemi[2].

Aussitôt nos seigneurs, le duc Godefroi, le comte Raimond de Saint-Gilles, Bohémond, le sire Robert, comte de Normandie, le comte de Flandre et beaucoup d’autres, envoyèrent le très noble comte Hugue le Mainsné trouver l’empereur à Constantinople pour qu’il vînt recevoir la ville et exécuter les conventions conclues avec eux. Il partit, mais ne revint pas[3].

Après que tout ceci eut été accompli, nos chefs, s’étant réunis, convoquèrent un conseil pour trouver les moyens de conduire et de gouverner le peuple jusqu’à ce qu’il eût accompli le voyage du Saint-Sépulcre, pour lequel on avait

  1. Le 28 juin 1098.
  2. Cf. les détails donnés par la deuxième lettre d’Anselme de Ribemont (Epistulae et chartae, p. 160).
  3. Cf. Foucher de Chartres, I, 33, p. 350 ; Albert d’Aix, V, 3, p. 434. L’Anonyme omet les violences de Bohémond à l’égard des comtes de Toulouse et de Flandre, dont il fit expulser les hommes de la citadelle (Raimond d’Aguilers, 13, p. 262}. L’ambassade envoyée à l’empereur semble bien une manœuvre dirigée contre Bohémond.