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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/30

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perdus, consultés par Bongars pour son édition. C’est cependant d’après ces données que l’on peut essayer de reconstituer l’histoire du texte, dont nous atteignons trois rédactions ou « éditions » successives.

1. Premiere rédaction (manuscrits A). — La rédaction originale a certainement disparu, mais elle est représentée par un groupe de trois manuscrits, que nous appellerons A et que nous considérons comme les copies les plus fidèles de l’archétype. Ces manuscrits ont conservé plus ou moins par des signes conventionnels la division primitive en récits que nous avons essayé de reconstituer à l’aide de leur témoignage[1]. C’est à leur texte que s’appliquent surtout les remarques que nous avons présentées sur la barbarie de la langue et de la syntaxe de l’Anonyme. Leur orthographe est généralement archaïque ; ils emploient presque toujours l’e simple pour le génitif féminin singulier, écrivent ci pour ti (condicio), i pour y (martirium), et ils ont presque toujours conservé les aspirations germaniques (nichil pour nihil), surtout dans les noms propres (Rotbertus, Nortmanniaetc.). Un autre détail prouve leur parenté et le caractère primitif de leur texte : ils ne connaissent ni les gloses ni les interpolations ni les développements factices que nous allons signaler dans les autres manuscrits. Bien que leurs variantes ne concordent pas toujours, ils offrent sensiblement le même texte.

  1. Qu’il me soit permis de témoigner ma gratitude à M. J. Porcher, membre de l’École française de Rome, qui a bien voulu collationner pour moi les textes des manuscrits 641 et 572 du Vatican, faire une description complète de ces deux manuscrits et m’en adresser d’excellentes photographies. Je tiens aussi à remercier M. Pierre Paris, directeur de l’École des hautes études hispaniques, à Madrid, et M. Delpy, membre de cette École, à l’obligeance desquels je dois des photographies du manuscrit de Madrid 9783.