toire certaine, traînant avec eux des cordes pour nous amener garrottés dans le Khorassan. Remplis de joie, ils commencèrent à descendre progressivement du faîte d’une hauteur, mais, à mesure qu’ils descendaient, ils restaient sur place, la tête coupée par la main des nôtres. Et, à l’aide d’une fronde, les nôtres lançaient dans la ville les têtes des tués, afin de jeter l’effroi parmi les Turcs[1].
Puis le comte de Saint-Gilles et l’évêque du Puy tinrent conseil sur les moyens de miner une tour qui se trouvait devant leurs tentes. Des hommes furent désignés pour la miner, avec des arbalétriers[2] et des archers pour les protéger. Ils creusèrent jusqu’aux fondements de la muraille et entassèrent des poutres et du bois, puis y mirent le feu. Le soir venu, la tour s’écroula, alors qu’il faisait déjà nuit, et, à cause de l’obscurité, on ne put engager le combat. Au cours de la nuit, les Turcs se levèrent en hâte et restaurèrent le mur si solidement que, le jour venu, il fut impossible de leur causer le moindre dommage de ce côté[3].
Bientôt arrivèrent Robert, comte de Normandie, le comte Étienne[4] et beaucoup d’autres, puis Roger de Barneville[5]. Bohémond assiégea la ville sur le premier front ; à côté de lui était Tancrède, puis venaient le duc Godefroi, le comte de Flandre, appuyé par Robert de Normandie, puis le comte de Saint-Gilles et, auprès de lui, l’évêque du Puy. Le blocus par terre fut tel que nul n’osait sortir de la ville ou y entrer ; et, en cette occasion, tous ne formaient qu’un seul corps[6].
- ↑ Cf. Albert d’Aix, 27, p. 319-320.
- ↑ Témoignage intéressant sur l’emploi de l’arbalète, dont l’usage abandonné après les invasions reparaît au ixe siècle. Cf. V. Gay, Glossaire archéologique, au mot : arbalète.
- ↑ Récit concordant de Raimond d’Aguilers, 3, p. 239.
- ↑ Étienne, comte de Blois et de Chartres, époux d’Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, avait quitté la France avec son beau-frère Robert Courte-Heuse, mais avait hiverné en Pouille et était arrivé l’un des derniers à Constantinople, où il avait reçu de l’empereur un accueil qui l’avait rempli d’enthousiasme. On a de lui deux lettres à la comtesse Adèle, datées de Nicée (24 juin 1097), et d’Antioche (29 mars 1098).
- ↑ Roger, seigneur de Barneville-sur-Mer (Manche). Orderic Vital, IX, 7, éd. Le Prévost, t. III, p. 503.
- ↑ Témoignage important, qui montre pour la première fois une entente entre tous les chefs croisés. Cf. Albert d’Aix, II, 32, p. 323.