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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/102

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HISTOIRE

qu’il m’aimeroit toujours ; l’inſtant d’après me tenant étroitement ſerrée dans ſes bras, il me peignoit toute ſa tendreſſe, me parloit de la vivacité de ſon amour, & m’accabloit de mille baiſers enflammés : trop heureux pour pouvoir l’être davantage, l’excès de ſa flamme s’oppoſoit à ſon bonheur. J’avois ignoré juſqu’alors que le trop d’amour fût un obſtacle à la jouiſſance ; je regardois déja ſon état comme un affront fait à mes charmes ; affront que les femmes, quelque Philoſophes qu’elles ſoient, ne pardonnent jamais.

Mr. D.... s’apperçut d’un petit mouvement de dépit qui m’échappa malgré moi ; ſon amour en fut offenſé. Ma chere De Launay, me dit-il, rendez-vous plus de juſtice, & n’inſultez point au malheur du plus tendre & du plus paſſionné des Amans : que dis-je ? ce n’en eſt point un, puiſqu’il n’eſt occa-