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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/107

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de Mlle. BRION.

ſes bras ; je l’aimois : pouvois-je trop tôt le rendre heureux ? Ma défaite lui annonça ſa victoire. Amour, ce n’eſt que ſous tes étendarts que le vaincu & le vainqueur triomphent. Je liſois dans ſes yeux tout le plaiſir que ſon ame éprouvoit, & vouloit me faire partager : les miens étoient remplis de ces larmes précieuſes que l’amour ne fait verſer qu’à ſes favoris ; tendreſſe, déſirs, tranſports, tout nous devint commun ; ma bouche étroitement collée ſur la ſienne, lui communiquoit tous mes ſoupirs ; ſa langue étoit un trait qui faiſoit paſſer chez moi tout le feu qui le conſumoit. Amour, nous avions réuni nos deux ames pour mieux ſentir tes tendres faveurs ; ſi tu nous avois conſeillé de doubler notre être, c’étoit pour multiplier nos plaiſirs.

Mr. de C.... & moi nous jouiſſions d’un bonheur tranquile : je goûtois tous