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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/117

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de Mlle. BRION.

partageoit avec moi ſon exiſtence : l’Amour n’eſt jamais ſi tendre qu’après les allarmes ; s’il vous rappelle les dangers qu’il vous a fait courir, ce n’eſt que pour avoir le plaiſir de vous en dédommager, & de vous faire mieux ſentir le prix de ſes faveurs.

Nous allions quelquefois Manon & moi, paſſer la journée avec Mr. D.... Quoiqu’il fût dans un Collége, il avoit trouvé le moyen de nous faire entrer par une petite porte de derriére, ſans être apperçues : il n’y avoit que ſon domeſtique qui fût dans le ſecret. L’idée de me voir ſeule de femmes cloitrées, avec cinq ou ſix cens hommes, m’amuſoit beaucoup : je jouiſſois en illuſion, des droits d’un Sultan au milieu de ſon Serrail : je ne ſais ; mais j’avois plus de plaiſir à être libertine dans la cellule de Mr. D.... que chez moi. L’ordre, l’eſpéce d’uniformité qui regne dans ces