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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/22

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HISTOIRE

ſon Palais des vertus : c’étoit là qu’en femme ruſée elle cachoit les filles ſoi-diſant pucelles, dont la virginité devoit jouer un long rôle, avant que d’être abandonnée aux hommages du Public, & de devenir ſœurs du Serrail.

Sitôt que je fus entrée dans cette chambre, on ſongea ſérieuſement à ma toilette. La Dêpoix voulut ſe ſurpaſſer : elle épuiſa ſon art pour me rendre jolie, & y réuſſit. Une figure fine, des yeux vifs, une taille de Nimphe jointe à des graces naturelles, promettoient une fortune à la Verne. Elle voulut ce jour-là que je duſſe tout aux charmes d’une figure enfantine & novice ſur laquelle brilloient les graces de la plus tendre jeuneſſe. J’avois des yeux qui » par inſtinct, commençoient à parler le langage du plaiſir, & dans leſquels on voyoit naître les déſirs. Pour tout dire, Madame, j’étois aſſez jolie pour ne