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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/36

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HISTOIRE

de trouver une novice auſſi façonnée. Celles qui avoient joué ce rôle avec lui, avoient pris autant de peine à le tromper, que j’aurois eu de plaiſir à lui faire comprendre qu’il n’étoit qu’un ſot, ſi ſa fatuité ne lui avoit pas fait attribuer mon enjoûment au plaiſir que je devois reſſentir de partager ſes faveurs. Il paſſa la nuit à nombrer ſes bonnes fortunes, & finit par ſe lever auſſi gravement qu’il s’étoit couché, redevint Conſeiller, & jura ſes grands Dieux, que c’étoit le dernier pucellage qu’il prendroit de ſa vie. Mais, Monſieur, lui dit Madame Verne. Mais, mon enfant, c’eſt un métier déteſtable, la journée d’un porte-faix : voulez-vous que je me faſſe arracher les yeux par trente jolies femmes, que cela me met dans le cas de négliger ? Les pucellages. gâtent furieuſement un joli homme : le moyen de ſe remettre à l’ordi-