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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/50

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HISTOIRE

les yeux ſur moi ; ma figure lui avoit plu. Elle comptoit en peu de tems rétablir ſes affaires, ſi elle pouvoit entrer à mon ſervice. Elle me fit part de ſes projets, me demanda ſi je ne ſerois pas charmée de quitter une maiſon où l’on paſſoit les plus belles années de ſa jeuneſſe dans la plus honteuſe débauche, ſans jamais rien amaſſer. Je ſaiſis cet inſtant pour lui peindre, avec les couleurs les plus fortes, toute l’horreur d’un ſéjour où j’étois retenue par la miſére. L’Amour me rendoit éloquente. Comment ne l’aurois-je pas été ? mon bonheur & la gloire de mon cher de la V.... y étoient intereſſés. J’acceptai, avec tranſport, l’offre qu’elle me fit de venir demeurer avec moi. Il ne s’agiſſoit plus que de faire approuver tous nos arrangemens par ſa maîtreſſe. Nous remimes à lui en parler quand elle ſeroit dans ſon bon ſens.