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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/64

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HISTOIRE

tance de ſon écu le lendemain. J’ai toujours été ſurpriſe que Mr. le Marquis de *** ſe fût ruiné. C’étoit l’homme le plus d’ordre que j’aie jamais connu. Tous les jours il me payoit ſa dette, & n’a jamais manqué d’en tirer le reçu.

Je paſſois toutes les nuits dans les bras de mon cher de la V.... Chaque jour voyoit notre ardeur augmenter, & nos plaiſirs ſe multiplioient à l’infini. Nous nous contraignions trop peu pour que le Marquis de *** ne s’en apperçût pas bientôt. Il me fit quelques reproches. Je lui répondis que ſix livres ne donnoient point le droit d’être jaloux ; que la fidélité étoit la vertu la plus chere chez les femmes ; & qu’il falloit autrement payer qu’il ne faiſoit pour l’exiger. Ma réponſe lui parut cavaliére ; il en fit part à L.... Il ſavoit tous les droits qu’il s’étoit aquis ſur mon eſprit ; c’étoit un Mentor ſévére que