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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/84

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HISTOIRE

de le ſuivre, & qu’il devoit y reſter pluſieurs jours : cette nouvelle fut pour moi un coup de foudre. Quand on aime bien, la ſeparation eſt le dernier des malheurs.

Je propoſai à Manon de l’aller trouver. Elle me répondit, que comme le Marquis ne paſſoit pas un jour ſans me voir, il ne ſeroit pas facile de s’abſenter ſans qu’il s’en apperçût, & que c’étoit me brouiller avec Mr. L.... s’il venoit à le ſavoir. Ses réflexions étoient très-ſages ; mais l’amour ſe conduit peu par les conſeils de la ſageſſe. J’eſſayai de flatter ſon amour-propre : je lui dis qu’elle avoit trop d’eſprit pour ne pas trouver une excuſe, quand la faute ſeroit faite. La vanité eſt un piége dont peu de perſonnes ſe méfient. Mon expédient réuſſit. Nous fumes à Verſailles. J’étois logée à la Reine de France ; je fis dire à mon cher de la V.... de s’y