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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/95

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de Mlle. BRION.

qu’on ne m’eût appris, & point d’étourderie dont je ne me ſentiſſe capable. Manon qui me connoiſſoit, voulut m’accompagner, de peur qu’il ne m’arrivât quelque ſcéne où elle fût néceſſaire pour me tirer d’embarras : de plus, elle ſavoit que ſa préſence m’en impoſoit.

Nous fumes à ſaint Sulpice, où je me fis un plaiſir de déranger tout le monde, pour percer à la Sacriſtie. J’y parvins, après avoir fait perdre patience à cinq ou ſix Dévotes, que mon étourderie empêcha de faire leur bonjour, par la mauvaiſe humeur que cela leur occaſionna. La bile des Dévots s’échauffe facilement : les confitures & les liqueurs dont ils ſe nourriſſent, ſont des matiéres combuſtibles qu’ils emploient plutôt pour réveiller chez eux la nature éteinte par l’excès des plaiſirs, que pour réparer les foibleſſes oc-